1 - INTERVIEW EXCLUSIVE DE BIBI
FLASH
à L'HôTEL DU LOUVRE
(PARIS, le 19 juillet 2001)

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heures, grand hôtel 4 étoiles à Paris,
Bibi Flash en personne me fait l'honneur de me recevoir
pour un entretien qui devait durer une heure. Finalement
ce sera 3 heures, où j'ai l'agréable surprise
de constater qu'elle est rayonnante, en pleine forme(s),
coiffée d'une longue chevelure blonde, lunettes
bleues fumées et petit tailleur blanc qui lui sied
à ravir.
Elle était accompagnée de sa soeur Françoise
et de sa petite fille, 8 ans. Nous nous installons au
living room pour prendre le thé. L'interview peut
commencer.
1.
Parle-moi de ton enfance, et d'où vient ce goût
pour le chant et le spectacle ?
Je suis d'une famille qui adore le spectacle, qui n'est
pas dans le milieu du show-business.
Dans la famille, il régnait toujours un esprit
très festif, tout le monde jouait d'un instrument
de musique et moi le chant très tôt, j'ai
toujours voulu chanter.
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2.
Est-ce qu'il t'arrivait quand tu étais petite de jouer,
de chanter devant ta glace, avec une brosse à la main
?
Bien, moi, ce n'était pas une brosse
à la main, je me suis confectionné avec la paume
de l'arrosoir, avec un peu de ficelle, je faisais beaucoup mes
petits shows, petits spectacles devant mes proches, la famille,
les amis, les voisins en vacances à la campagne, bon,
je faisais ma petite tournée et puis bon, je gagnais
des bonbons.
3."On"
est venu te chercher où est-ce toi qui a pris la décision
de faire une carrière de chanteuse ? Comment cela s'est
passé ?
On n'est pas venu me chercher, malheureusement
(rires) parce que bon (silence)... J'ai forcé le destin,
d'abord, j'ai passé mon bac, j'ai fait des études
de cinéma, j'ai passé mon diplôme d'études
et de recherches cinématographiques à Paris, j'ai
fait des études d'anglais, j'ai fait un peu l'école
du Louvre et puis j'ai décidé que je voulais chanter,
c'était quand même une passion.
J'ai fait appel à droite; à gauche par des amis
communs, des connaissances, j'ai essayé de faire savoir
que de toute façon, je voulais chanter!
J'ai même téléphoné au culot à
loulou Gasté en lui disant c'est Brigitte Gasté,
je lui ai parlé, il voulais me rencontrer et au dernier
moment, je me suis dit non, quand même, différence
de génération par rapport à ce que je voulais
faire. J'aurai eu l'impression d'une incompréhension
parce que je ne voulais pas faire chanson-variétée
française très encadrée, puisque mes références
sont le Disco, Aretha Franklin, Cerrone, etc...
Et donc, un jour, j'ai eu une audition qui s'est passée
au studio de la Grande Armé, et j'avais devant moi plusieurs
personnes, producteurs, ingénieurs du son, je suis arrivée,
ils m'ont dit "Bon ben vient", un s'est mis au piano
et m'a dit "Bon, on va voir ce que tu veux chanter",
et j'étais très en confiance parce que n'étant
jamais allée en studio d'enregistrement, je ne savais
pas qu'en fait, "ils" avaient mis le son à
l'extérieur et que tout le monde pouvaient profiter de
ma voix et de ce que j'étais en train de faire, et après,
à la fin, les producteurs m'ont dit: "Bon, c'est
bien" !
Moi, pensant que j'allais chanter vraiment, or j'étais
très décontractée, j'étais seule
à auditionner et ils se sont concertés, et j'ai
entendu: "oui, c'est intéressant, il y a un timbre
de voix, oui, je suis partant", et l'aventure a commencé.
4.
Combien de temps, combien de mois, combien de jours se sont
écoulés entre cette audition et l'enregistrement
de ton premier 45 tours ?
Un an pour concrétiser, Philippe
Renaud, mon producteur à l'époque, m'a appelée
pour me faire écouter les titres, au studio du Palais
des Congrès.
5.
Et lors de la découverte de tes futures chansons, tu
étais partante ?
J'étais un peu surprise (rires),
pensant qu'il fallait en passer par là et puis étant
aussi impressionnée de me retrouver là, et de
pouvoir chanter, de pouvoir faire un disque ; donc j'ai accepté
des choses qu'après on n'accepte peut-être plus
; quand on débute, forcément, on passe la main.
Donc, le titre était "Détective", la
promo de cette chanson n'était pas mal, car c'était
l'époque des radios libres, et figurait en bonne place
dans la play-liste d'Europe 1.
6.
D'où vient le nom "Bibi Flash", qui a décidé
de ça ? Aurais-tu voulu un nom différent , et
si oui, pourquoi ?
C'est pas moi du tout qui l'ai choisit,
c'est Philippe Renaud qui a choisi ça. Il m'avait laissé
quelques temps pour choisir un nom et un jour il m'a appelée
en me disant "ça y est , le 45 tours est sorti aujourd'hui,
tu t'appelles Bibi Flash!"
Et je dois dire que j'étais effondrée, le jour
où j'ai su ça donc j'étais obligée
de m'adapter à ce nom qui m'était imposé.
J'ai essayé d'en tirer parti, de développer ce
côté fun, côté BD du personnage, je
pensais à un nom comme Alison, qui perdure dans le temps.
7.
Comment ton producteur a-t-il trouvé ce nom, de quoi
s'est-il inspiré ?
De moi, car je m'appelle Brigitte, il
pensait à BB (Brigitte Bardot), et Flash, peut-être
qu'il avait flashé aussi euh.... un peu sur moi (rires).
8.
Que voulais-tu apporter dans la chanson et dans le show-business
? Quel était ton état d'esprit à ce moment-là
?
J'avais eu l'idée de reprendre
des titres de "Cerrone", et je suis allé le
voir, puisque lui aussi était chez Carrere.
Je lui ai téléphoné, je suis allé
au culot personnellement comme ça de chez moi, il a été
stupéfait de mon attitude, il m'a reçue chez lui,
et à la fin de notre entrevue, il m'a dit: -"quelqu'un
d'aussi naïf dans ce milieu de requin, je n'ai jamais accepter
que quelqu'un reprenne un de mes titres en français,
mais à vous j'dis oui! Ton producteur ne te croira peut-être
pas alors qu'il me téléphone pour concrétiser"
Donc c'était le style de choses que je voulais faire,
mais il faut toute un équipe derrière, je voulais
développer dans ma carrière ce côté
fun, boîte, danse, rythmé, avec beaucoup de classe
et de style.
9.
Des artistes que tu affectionnais t'ont-ils influencée
pour développer ce personnage de Bibi Flash ?
Malheureusement non; parce que j'étais
encadrée et plutôt imposée d'une certaine
manière. J'ai essayé d'imposé mes choix,
mais c'était très difficile, parce que si on "vole
en éclats", on ne sait pas où on va après,
car j'avais malgré tout cette volonté de chanter
et de voir peut-être par la suite, quand on a réussit
entre guillemets, de pouvoir faire c'qu'on veut.
Il y avait d'un côté ce que j'écoutais chez
moi en musique et de l'autre côté ce que je chantais
qui n'avait peut-être pas de corrélation
10.
Donne-moi la définition du personnage de Bibi Flash selon
toi
Personnage de BD, fun, beaucoup d'humour,
prend les choses au 2ième, 3ième, voire 4ième
degré, d'ailleurs, j'ai toujours voulu apporter dans
mes chansons ou sur les plateaux TV et podiums un "p'tit
coup d'charme" pour rendre mon personnage plus rigolo et
sympathique.

11.
Raconte-moi ton premier passage à la télévision,
c'était avec quel titre ? étais-tu morte de trac
?
Ma première télévision
était à télé Monte-Carlo, je chantais
"Le lion est mort ce soir", j'étais très
impressionnée et angoissée ; avec une tenue de
peaux de bêtes, et j'ai commencé à chanter,
c'était une émission en direct, et il se trouve
que mon "haut" est tombé, donc ce qui veut
dire que je me suis retrouvée les seins nus devant le
public, les caméras ; il a fallut assurer, j'ai continué
ma petite chanson tranquillement en dansant, en fait je ne m'en
suis pas aperçu au tout début, c'est en dansant
, comme les bras touchaient le corps, je me suis aperçu
qu'il n'y avait plus de bout de tissu (rires) donc, la catastrophe,
j'ai continué à chanter et je suis allée
me rassoir. C'était José Sacré à
l'époque qui présentait l'émission et ajoutait
"Elle a un corps à faire rugir un lion" (rire)
12.
A l'époque, lorsque l'on t'a écrit des chansons
comme "cuir métal", "ça manque
à mon standing", ou "St Trop' by night",
étais-tu consciente de la légèreté
des textes ? Est-ce que c'était voulu par la production
? Avais-tu ton mot à dire ?
Alors, c'était voulu par la production bien sûr,
complètement, j'en était consciente tout-à-fait,
par contre, si j'ai donné mon approbation, non, pas forcément:
J'étais un peu devant le fait accompli, mais il se trouve
que j'aime beaucoup "Jungle jungle", c'est une chanson
qui a du charme, et moi, je me suis rabattue sur le côté
charme dans mes chansons par rapport aux textes, évidemment.
Disons pour résumer, en fait, je dirais que tout ce que
j'ai fait ça a été un compromis sans arrêt
entre c'que j'aurais voulu faire et ce qui m'a été
proposé et même imposé en musique.
Tout au long de ma carrière, j'ai rencontré de
gens intéressants, ce qui est dommage, c'est qu'on ait
pas retirer quelque chose de mieux.
13.
Comment tu promotionnais tes 45 tours, en radio, en club ?
Alors, j'ai fait des tournées radio, j'ai fait toute
la France, avec les tournées d'été, galas
; en même temps presse locale. J'ai toujours été
très bien accueillie et sollicitée.
14.
Quel était l'accueil dans les boîtes de nuit ?
La folie! La folie! C'est pour ça
qu'actuellement, j'ai du mal à réaliser qu'on
m'aie totalement oubliée par rapport à ce déferlement
de gens, d'enthousiasme et d'hystérie dans les galas,
on me demandait sans cesse une photo, etc...
C'était vraiment des émeutes par exemple, j'avais
fait les "jeux de 20 heures" qui étaient submergés.
Tous les galas marchaient très très bien , c'est
pour ça d'ailleurs qu'il y eu des articles chez France-Soir,
on disait "La tornade Bibi Flash", "la reine
de la nuit", etc...
Parce que c'était vraiment un phénomène,
la folie, la fête, j'apportais aux gens de la nuit c'qu'ils
attendaient, divertissement total, j'ai fait énormément
de galas car j'étais très demandée.
15.
Le fan-club, comment et par qui était-il géré
?
C'était l'organisation de la production
par la maison de disques, on pouvait recevoir les dates de mes
galas, de mes passages à la télévision,
photos dédicacées, T-shirt et montres Bibi Flash.
16.
Comment se passaient les rencontres avec les professionnels
auteurs, compositeurs et réalisateurs des clips ? Etait-ce
toi qui venait à eux ou l'inverse ?
Pour ce qui est de réalisateurs
de clips, on me les a présenté, comme Jean-Paul
Saulieu, qui a réalisé le clip "Parking des
anges" de Marc Lavoinei, en fait, je marche un peu par
coup d'foudre, c'est ça qui m'a perdu je crois, je suis
très impulsive, j'ai choisis ce réalisateur au
feeling car j'avais craqué aussi un peu pour le personnage.
C'est lui qui a réalisé le clip "Imposture"
qui par lui-même est très intéressant, les
décors sont absolument fabuleux, somptueux ; j'étais
persuadée que ça allait être un clip fantastique
et en fait la réalisation pour moi est épouvantable
car au final pour le spectateur, il est à peine visible,
car les éclairages étaient insuffisants, ce qui
fait qu'il est beaucoup trop sombre.
Et quand je suis allé à la première du
clip, j'ai eu une attaque, car si ce clip n'est pas passé
beaucoup à la télé, c'est tout simplement
à cause de ça et pas du tout à cause de
la qualité, de l'intérêt; de la mise en
scène, ou même de l'idée, du scénario
; tout était vraiment très intéressant,
et c'était vraiment très très bon, et il
se trouve que là, c'est un gâchis monstrueux. Quand
je l'ai vu, je me suis dit "bon là c'est fini, c'est
fichu, le titre est fini". Le clip a coûté
un million de francs à peu près.
A l'époque, mon producteur m'avait dit "Je veux
que tu prennes 'Mondino' et c'était tout à fait
possible puisque j'avais le choix.
Et pour ce qui est des rencontres, j'ai fait des rencontres
très intéressantes, c'est ça qui me plaisait
aussi, de rencontrer d'autres chanteurs, d'autres gens, d'autres
personnages, aussi bien les Cure, que Simply Red ; avec certains
d'entre eux j'ai collaboré artistiquement pour ma carrière,
notamment Dominik Nicolas du groupe Indochine, qui a travaillé
sur l'album "Imposture".
17.
Comment as-tu rencontré Romano Musumarra ?
On me l'a présenté, c'est
le producteur de Stéphanie de Monaco qui connaissait
mon manager, je pense que ça c'est passé comme
ça. Je l'ai rencontré, on a dîné
ensemble, on a discuté, et puis il a écouté
ce que je faisais, puis on a décidé ; il m'a fait
écouté deux musiques et Romano m'a demandé
de faire des paroles dessus. Mais le résultat ne fût
pas ce que j'espérais au départ.
Je trouve qu'au mixage, les ingénieurs ont mal traité
ma voix dessus car il n'y a pas eu une coordination très
très bonne.
Ils m'ont imposé une façon de chanter et l'imposition
pour moi est trop carré, manque totalement de charme,
et trop froid, trop plat, et ça c'était imposé!
Dommage car à l'époque Romano Musumarra, son talent
était très reconnu pour des musiques de films,
pour Jeanne Mas et Stéphanie de Monaco, donc je n'ai
pas eu l'occasion d'avoir mon mot à dire.
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